CJDAY Montpellier 2021 – Fric ou éthique, l’entreprise a-t-elle le choix ?
28 juin 2021Depuis quatre ans, autour des profs, un réseau de partenaires, associatifs, institutionnels et patrons aide des jeunes de ce collège de La Paillade à trouver des stages d’observation valorisants.
Entre solidarité et bienveillance, l’action engagée, depuis maintenant quatre ans, au collège des Escholiers de La Mosson trace un chemin balisé pour des jeunes en quête de repères. Plus précisément pour accompagner certains élèves de 3e dans la recherche de leur stage d’observation en entreprise. Une étape obligatoire.
Et parfois décisive dans la construction d’un futur parcours d’étude. « Certains n’ont ni autonomie ni projet d’orientation encore bien défini, détaille Abdou Bayou, conseiller principal d’éducation de l’établissement. D’où l’idée, soutenue par les professeurs principaux des classes de 3e, de travailler avec des partenaires extérieurs pour trouver autre chose que des stages dans des snacks du quartier. »
L’effet bénéfique des stages choisis
« la grosse angoisse de ces stages dès le début d’année. Autant pour les élèves que pour les professeurs principaux. C’est toujours un peu compliqué. Encore plus à La Paillade. » L’enseignante d’histoire-géographie parle « de réticences d’élèves à aller voir à l’extérieur du quartier, qui est un cocon rassurant. Les partenaires sont donc très précieux, d’autant que l’on perçoit un effet des stages vraiment choisis. Ils changent de posture, arrivent à se projeter dans leur orientation. Un élève, passionné de pâtisserie, a trouvé un stage dans un organisme de formation grâce au centre des jeunes dirigeants. »
Depuis quatre ans, ce sont ainsi, en moyenne, 25 élèves qui bénéficient d’un accompagnement personnalisé. « En dehors du temps scolaire. » Aux chevilles ouvrières des débuts, l’association pailladine Générations solidaires et citoyennes (GSC) et Face Hérault, s’est ajouté, cette année, le centre des jeunes dirigeants (CJD). « Des chefs d’entreprise sont venus parler à tous les élèves de 3e des Escholiers sur la notion de parcours, des centres d’intérêt… «
Bacary Dronov-Senghor, agent général AXA installé au Crès et membre du CJD (110 adhérents sur la Métropole), aborde la démarche sous l’angle éducatif plus qu’économique. « L’intérêt est d’intervenir dans des collèges classés en zone Rep +, comme les Escholiers, pour démystifier le monde de l’entreprise. » En plus de trouver des stages, le CJD s’engage « pour aborder la rédaction d’un CV, la manière de se présenter. C’est une approche globale. »
« Où est le stagiaire ? »
Pour le CPE du collège, Abdou Bayou, « il est également indispensable de parler projet pour certains élèves qui vont se diriger vers l’enseignement professionnel. » Aux Escholiers, c’est, globalement, la moitié des 200 élèves de 3e qui emprunte, chaque année, cette voie-là.
Aziz Khallouki, président de l’association pailladine Générations solidaires et citoyennes (GSC) pointe également le rôle de patrons « originaires de quartiers populaires qui ont réussi et veulent désormais tendre la main. Au point que certains nous appellent pour nous dire : mais où est le stagiaire ? »
Stage dating au collège
Mahfoud Benali, expert-comptable, par ailleurs ancien élu régional (divers gauche), a rejoint l’opération dès le départ. « Nous avions, avec GSC, organisé un stage dating au collège. Des élèves avaient alors passé des entretiens avec des chefs d’entreprise. » Avec, au passage, quelques souvenirs marquants. « Un élève nous avait dit vouloir faire astronaute. Une start-up, installée à Pignan, et qui envoie des nano-satellites dans l’espace, a ainsi récupéré deux stagiaires. »
Une chaîne de bonnes volontés qui « donne à voir des effets concrets.« Souad Sebbar, déléguée du préfet à La Paillade et sur les Hauts-de-Massane, note « une réussite de chaque élève à partir du moment où il a sa perception éclairée. » L’action est ainsi soutenue financièrement, depuis ses débuts, par la préfecture, la Ville et la Métropole. Où comment percer, un peu, le plafond de verre.
« J’ai pu voir des infirmières »
Myriam a, tout récemment, pu faire son stage dans un cabinet de kinésithérapie à Malbosc. « Il y avait plusieurs bâtiments, celui des infirmières et celui des kinés. J’ai pu alterner et accompagner des visites en Ehpad. C’est là que j’ai pu voir des aides-soignantes et des infirmières. »
Soit les métiers que Myriam envisage pour son avenir à moyen terme. « J’ai bien aimé. » Y compris dans ce que la jeune fille n’imaginait pas au départ depuis les bancs des Escholiers. « Certaines maladies dont souffrent les gens, je ne pensais pas que ça existait, je ne les connaissais pas. Les kinés nous expliquaient très bien leur travail. »
Aïcha, elle, cherche encore. « Je veux, comme Myriam, devenir infirmière. » La jeune fille avoue des difficultés nouvelles liées à la situation sanitaire. « J’ai appelé une infirmière qui m’a expliqué avoir accepté des stagiaires l’année dernière mais ne pas pouvoir cette fois-ci. »
Sans se décourager, Aïcha a également contacté « des vétérinaires, des kinés et même les hôpitaux Lapeyronie et Gui-de-Chauliac. J’attends. » Le conseiller principal d’éducation de l’établissement, Abdou Bayou, évoque l’idée d’une pharmacie. « Oui, oui, cela m’intéresserait beaucoup. »
Certaines situations se débloquent parfois par l’intermédiaire de parents d’élèves, bien conscients que le futur des jeunes se conjugue aussi au présent.